Oh it's only you... I thought it was someone important...

Nous avions décidé de fêter la fin du weekend (oui c'était un prétexte débile, mais il en fallait un). Ou plutôt, nous avions décidé d'accueillir à bras ouvert la nouvelle semaine qui s'annonçait en ne fermant pas l'œil de la nuit. C'était parti d'une idée stupide, d'un gage à un bizu, suivi d'un défi, suivi d'une fête générale à la maison des Kappa. Parce que j'adorais les fêtes improvisées. Il n'y avait rien de mieux qu'une soirée improvisée. A huit heures nous entamions la bière. A dix heures j'échangeais avec Dae quelques cocktails au rhum. A minuit petit break au whisky. A deux heures shooters ; gin, vodka, tequila. A quatre heures Mickey me provoquait au beer-pong. A six heures on vomissait nos tripes dans le parc. Même pour moi c'était trop. J'allais mourir. Seul point positif: j'étais en si mauvais état que mon cerveau n'était pas capable d'analyser tout ce qui déraillait dans mon corps. J'étais une larve.  D'ailleurs je rampais sur le sol ; oui, comme une larve.

Lorsque nous revînmes à la maison de notre fraternité, je réalisais que nous n'étions pas les seuls dépravés des Kappa mais que la plupart avait une meilleure notion des limites que nous - oh, nous avions parfaitement conscience de la marge de tolérance de notre corps, nous étions juste des imbéciles qui s'amusaient à la franchir et à repousser leurs limites. Nous montâmes les escaliers jusqu'à notre chambre. J'ouvris la porte et reçus immédiatement une claque. Hey ! Je regardais de haut en bas la jeune femme si violente de bon matin. Brune, caucasienne, plutôt bien foutue. Potentiellement mon style (oui, je vous l'accorde, à partir du "plutôt bien foutue" elle rentrait forcément dans mon style de fille, peu importe le reste...). Je me tournais vers Mickey avec un regard interrogateur, il me répondit en haussant les épaules qu'il n'en savait pas plus que moi.

- Je suppose qu'on se connait...

BLAM. OK, on se connaissait.

- Est-ce que c'est moi qui t'ai invité... dans ma chambre ?

BLAM. OK, c'était moi.

- C'est bien, à force on va refaire le film de la soirée.

Dernier BLAM accompagné d'un "connard" et elle disparaissait dans le couloir. Je me retournais vers Mickey et nous haussions les épaules en même temps. J'allais directement à la salle de bain et y découvrit une baignoire remplie.

- Merci pour le bain... Euh... C'était quoi son nom ? Bref, merci !

Je me déshabillais et me laissais tomber dans l'eau comme une... oui, comme une larve ! Mon meilleur ami alla directement sous la douche, et je devinais à son cri qu'il venait d'ouvrir le robinet d'eau froide. D'ailleurs j'étais certain qu'il n'avait toujours pris la peine de mettre de l'eau chaude, vieille technique des lendemains de soirée. Efficace uniquement lorsque l'on a cours dans l'heure qui suit. Sitôt habillés, nous descendions dans la salle commune, piochant dans le bol "gueule de bois" posé sur la commode deux cachetons pour le mal de crâne.

- On a oublié un truc.
- Hmm ?
- Je suis sûr qu'on a oublié un truc.

Alors là... Gros blanc. Gros vide. Aucun souvenir. Je me levais du canapé sur lequel nous glandions pour aller grignoter un morceau au réfectoire. Rien que l'idée de manger redonnait des nausées à Mickey. Tant pis, j'irais tout seul. Je mangeais un croissant tranquillement, trouvant qu'il avait un drôle de goût de vodka mais je réalisais plus tard que ça venait de ma bouche, ou de mon haleine, je ne sais pas trop... Trop d'alcool en une seule nuit. Heureusement, j'étais habitué aux gueules de bois. J'en avais fait mon affaire personnelle, c'était comme une seconde nature, mon super pouvoir. Je reçus alors un coup de téléphone.

- LES FEUX D'ARTIFICE !!!
- Hein ?
- LE TRUC QU'ON A OUBLIE !! LES FEUX D'ARTIFICE DANS LE PARC !!!
- OH PUTIN J'ARRIVE !

On avait déposé notre stock de fusées dans le parc pour se faire un petit spectacle digne des Kappa ! On avait même emporté le détonateur, je m'en souvenais maintenant. Il n'y avait plus qu'à appuyer sur le bouton pour griller toute réserve de pétards ! Si quelqu'un se blessait avec ça, j'allais me faire tuer. On avait tout mis en place avant d'être trop bourré pour conclure notre affaire. Et merde ! Je partais en courant, il fallait que je me bouge ! Sitôt sorti du réfectoire en furie, le téléphone toujours à mon oreille, je percutais un pauvre gars qui arrivait. Le choc fut si violent que je fus repoussé en arrière et je m'écrasais par terre, mon téléphone miraculeusement toujours entre mes doigts. A la vache ! "J'te rappelle ! Arrange ça !" je raccrochais, regardais qui était l'heureux élu et grimaçais. Pourquoi lui ?

- Heeyyy... James... Johnny... C'est ça non ? Je chauffe ?

C'était pas ma journée avec les prénoms...


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Oh it's only you... I thought it was someone important...

Faire attention dans les couloirs était ma dernière préoccupation lorsque notre précieux stock de feu d'artifice était en jeu. Mince, je n'imaginais même pas les problèmes qui allaient me tomber sur le dos si un accident arrivait avec nos fusées. Vous le savez, je n'accorde que peu d'importance (pour ne pas dire aucune importance) à... à peu près tout. Sauf aux Kappa et à mon poste de président. Une explosion pyrotechnique n'était pas une très bonne pub, je préférais m'en passer. Mais BOOM !! Notre "rencontre" impromptue venait changer mes plans. Tant pis pour les fusées, j'avais toute confiance en Mickey pour régler ce problème.

- C'était un accident. J'étais légèrement pressé... Mais tant pis.

Tout ce que je reçus en retour fut un nouveau regard assassin. Merde heureusement que ce type ne possédait pas le regard-qui-tue ou je serais mort depuis mon entrée à l'académie. Ces remarques cinglantes me firent supposé qu'il était certainement mal baisé mais je m'abstins de tout commentaire à ce sujet - alors, il est pas adorable le gentil Liam ? Je me contentais de lui offrir en retour mon sourire divin de l'enquiquineur fier de sa bêtise, immunisé aux réflexions de Johnny... euh Caleb.

Je me redressais à mon tour en me massant l'épaule. Wow ce choc! Je n'y étais pas aller de main morte. Caleb me fit une petite démonstration de son pouvoir en ramenant son téléphone jusqu'à lui (ouf, définitivement pas le regard-qui-tue, sauvé). Crâneur ! Mais immédiatement il me remballa à nouveau. Tout cet amour...

- Excuse moi, c'était pas très classe de ma part. Je suis désolé Caleb... Whitehill ? Peterson ? Attends, attends, ça va me revenir... Ca finit par "Son" non ? Caleb Robertson ?!

Il l'avait cherché... pas vrai ? J'étais plutôt fier de moi, je ne cherchais rarement d'ennuis aux autres mais je n'aimais pas me faire marcher sur les pieds. Caleb Eastwood - ne lui répétez pas que je le connaissais ! je vous fais confiance ! - n'avait qu'à pas m'insulter. Ce gars là avait une piètre image de moi. Me sentir supérieur aux autres ? Très peu pour moi. je n'étais pas ce genre de garçon. Je me fichais royalement des autres, je vivais ma vie s'en m'en soucier, profitant de toute ce qu'elle pouvait m'apporter et basta. Mais il n'était ni le premier, ni le dernier à me considérer comme un parfait connard. Peu importe, je croisais mes bras et m'adossais au mur, continuant de le regarder avec un mince sourire dont j'avais le secret.

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