J'étais magnifiquement vêtu pour cette journée qui s'annonçait à moi. J'avais eu rendez-vous dès dix heure pour un casting afin de servir de modèle. C'était une de mes rares sorties en ville, mais elle faisait partie de celles qui étaient toujours plaisantes. J'essayais des vêtements différents de ce que je portais d'habitude. Plus encore, je faisais des rencontres incroyables. Aujourd'hui, ça avait été différent. Drastiquement différent. Mon agent m'avait proposé de défiler pour une marque réputée, à la place de poser pour des petits magasins. C'était une proposition alléchante, mais je ne lui avais pas donné de réponse, ne sachant pas quoi décider pour l'instant. J'avais quelques jours devant moi pour lui donner le choix que j'avais fait. N'ayant plus rien à faire, j'avais décidé de rester en ville, seul, pour m'acheter quelques habits supplémentaires. Je ne comptais pas aller m'ennuyer à l'académie, alors qu'il faisait un temps splendide.

Les diverses rues étaient remplies de personnes joyeuses, faisant leurs achats, main dans la main, côtes à côtes contrairement à moi qui était seul. J'avais déjà fait le tour d'une ou deux boutiques, sans trouver chaussure à mon pied. Rien ne me plaisait réellement. J'étais habitué aux vêtements un peu plus luxueux. Du genre, le jean à 150 euros, faisant crever ma carte bancaire et tout l'argent que j'avais dessus. Mais c'était un choix de vie et je ne comptais pas changer mes habitudes. Ce n'est pas parce-que j'étais dans une école différente de celle d'avant que je devais changer mes goûts.

Perdu la tête dans mon téléphone, je fonçais sur une jeune demoiselle, beaucoup plus jeune que moi, qui ne manqua pas de tomber au sol. La jeune fille, une enfant, me regarda de toute ma longueur tandis que je tendais ma main pour l'aider à se relever. Elle l'attrapa et fut debout en un clin d'oeil, sans trop d'égratignures.

Excusez-moi, c'est de ma faute. dis-je alors qu'elle était déjà partie, avec sa bande d'amis. Je restais planter plusieurs secondes en les regardant partant jouer, repensant à l'orphelinat, à ma vie d'avant. Une pointe de tristesse se lisait sur mon regard alors que je reprenais ma route. Je replaçais ma veste de costume grise et me passais la main dans les cheveux alors que je vis une jeune femme faire tomber son téléphone, puis sans le remarquer, s'approcher de la vitrine d'une animalerie. Je mis un peu de temps à la reconnaître, mais son visage me revint. C'était Isis Hershey.

Notre première et seule rencontre remontait à un bon mois, lors d'une fête organisée par sa Fraternité. Je me mélangeais peu, mais pour faire bonne figure, il m'arrivait d'aller à ces fêtes. Elle avait directement tenté de nouer contact comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Mais après cette fête, je n'avais pas cherché à lui parler d'avantage. Et comme j'étais habillé, en costard intégral gris, je me demandais si j'étais bien adapté pour rencontrer quelqu'un de l'académie. Mais je n'allais pas laisser son téléphone au sol... Finalement, après mûr réflexion, je pris son téléphone en arrivant auprès de lui puis partis vers cette dernière.

Vous avez fait tomber votre téléphone, mademoiselle. lui fis-je en posant ma main sur son épaule, alors qu'elle était encore dos à moi. Ma voix était plutôt charmeuse et avait pour but de l'amuser.

Si je m'attendais à croiser la si populaire Isis Hershey ! J'aurais su, je n'aurais pas oublié mon appareil photo ! taquinais-je amicalement la jeune femme alors que je jetais quelques coups d'oeil vers la vitrine de l'animalerie où étaient disposés de magnifiques animaux, regardant les passant, les priant de les adopter. Ça m'aurait plu, si je n'étais pas logé à l'académie. Il fallait bien que l'argent que j'avais en ma possession me serve à quelque chose alors ça aurait pu être bien... Une autre fois, sûrement. Quand je quitterais l'université et prendrais un appartement. Mais leur situation était triste, là, assis... Un pauvre chat semblait plus à l'écart, moins attiré. C'était le plus mignon - peut-être parce-que j'étais un peu comme ça...

De rien ma belle. répondis-je à son remerciement qui n'était pas vraiment nécessaire. C'était un peu logique, si je voyais quelqu'un perdre quelque chose, de lui rendre. Encore plus concernant une de mes connaissances... Un événement important ? On peut dire ça ainsi, oui. dis-je ensuite, sans plus de précisions. Je n'avais pas spécialement envie que tout le monde soit au courant de mes activités extra-scolaires. Pas pour l'instant, je ne posais que pour des marques peu connues. Encore, si je posais pour Dior ou autre ! Mais là, c'est pas vraiment ce que je pourrais appeler de cool.

J'entendis l'hystérique s'exciter devant la vitrine. Ça ne me choquait pas le moins du monde, la passion des gens pour les chiens ou chats, c'était quelque chose de puissant. Je lâchais un fin sourire à cette pensée tout en regardant les deux jeunes femmes s'exciter, puis me tournais vers Iris. Je n'avais jamais remarqué qu'elle avait de si beaux yeux bleus. Bon, on ne s'était pas vraiment vu beaucoup mais même.

Ne t'inquiète pas ! Tu n'avais pas l'air comme ça, mais dix fois pire ! C'était honteux ! J'ai même hésité à te rapporter ton téléphone car on sait jamais, si les gens voient que je connais une folle comme toi, ma réputation serait morte ! continuais-je toujours sur un ton joyeux et humoristique, espérant qu'elle comprenne ma tentative d'humour. Mais non, bien-sûr, tu n'avais pas cet air idiot sur la tête. repris-je sans me gêner, même si les deux filles n'étaient pas loin. Comment se fait-il que tu sois toute seule ?

Étrange qu'elle soit ici toute seule. Elle avait sûrement besoin de prendre l'air, ce que je comprendrais très bien.

Tu m'as fais mal... susurrais-je avec un ton amusé, tirant une mine déconfite puis reprenant mon sérieux quelques secondes après, un large sourire sur le visage. Nous nous mettions lentement en route, côte à côte. J'écoutais Iris qui recherchait une robe pour la soirée saint valentin. J'esquissais un sourire, ayant moi aussi décidé d'y aller mais j'avais déjà ce qu'il me fallait. Puis elle me proposa d'aller faire les boutiques. Et ça, par contre, j'adorais. C'était un passe temps très intéressant, je n'allais pas dire le contraire.

Bonne idée ! Je pourrais te conseiller pour ta robe, si tu veux. C'est toujours plus intéressant de faire les boutiques à deux. répondis-je premièrement à Iris, regardant les boutiques autour pour voir si quelque chose pourrait être intéressant.

Nous continuions notre petite promenade à travers la foule, les enseignes de boutiques défilant devant nous. Il fallut, malgré moi, que nous passions devant LA boutique. C'était pour ce genre de boutiques que je posais et c'était pas mes meilleurs photoshoots, loin de là... Je testais des vêtements certes intéressants, mais vraiment pas fameux malgré tout. Je sentais qu'Iris allait me vanner dans quelques instants et je m'y préparais mentalement.

Oui c'est moi, je travaille à côté... lui dis-je d'une voix basse, ne souhaitant pas attirer l'attention pour le coup. Généralement, c'est pas la première chose qu'on dit à une personne quand on la rencontre !

Non bien-sûr, quand on se présente, on sort pas notre C.V ! Et heureusement d'ailleurs. Isis me paraissait complètement choquée, c'est presque si elle avait pas vu un fantôme. Je devais sûrement faire peur sur cette affiche et en y regardant de plus près... C'est vrai que le choix vestimentaire est douteux... Mais pas de moi. Mais malgré ça, Isis n'hésita pas à me chambrer.

Ce n'est pas moi qui choisit mes tenues, elles me sont imposés ! J'ai de bien meilleurs goûts que cela ! me vantais-je faussement, ne pouvant retenir un petit rire. Elle était vraiment amusée par ce qu'elle voyait. Je comprends pourquoi tu rigoles, c'est vraiment pitoyable pour le coup.

Je me retournais pour être dos à l'affiche. J'étais complètement blasé qu'Iris ait vu cela. Et pendant que je me lamentais, une magnifique robe était exposée dans une vitrine, à la vue de tous.

Eh, regarde ! fis-je à Isis pour qu'elle regarde la robe et espérant noyer le poisson, même si j'avais peu d'espoir.

Tu vas à la soirée saint valentin pour une raison particulière ? Ça pourrait t'aider à choisir une robe, c'est un facteur que tu peux prendre en compte. lui dis-je car après tout, la soirée se déroulera à l'académie et il y aura du monde. Si Isis décidait d'y aller pour trouver quelqu'un, elle ne s'habillerait pas de la même façon que si c'était juste pour passer une simple soirée à s'amuser. Enfin, ce n'était que ma pensée. Mais Isis ne semblait pas de ce genre de fille à s'habiller avec une jupe moulante pour draguer.

Intérieurement, j'étais un peu dépité que Isis connaisse mon passe-temps. C'était quelque chose de classe d'être mannequin, mais pas forcément avec les vêtements que je portais. Quoique, j'avais tendance à apprécier les façons de s'habiller qu'on nous présentait. C'était comme goûté à de nouveaux repas, venant d'un pays différent du nôtre. Des fois, c'était étrange, mais surtout, très original. Si tu veux, tu pourras venir avec moi un jour, pour voir comment ça se passe ! Tu as l'air tellement excitée par tout cela. lâchais-je malgré moi. Et c'est à ce moment que j'avais beaucoup de regret. Si elle voulait, elle pourrait me voir sous un angle que peu on put voir. Et par rapport à moi, c'était normal qu'elle soit excitée. Je faisais ce travail depuis longtemps, j'étais habitué par tout ceci, c'était mon quotidien. Certains voyaient cela comme quelque chose de magique, moi aussi j'étais comme ça au début. Puis j'ai compris que c'était pas de tout repos contrairement à ce que les gens croyaient.

Trop chic ? Moins approprié lui demandai-je véritablement interloqué. Au contraire, c'est vraiment parfait. Elle t'irait tellement et puis, personne n'a écrit un code vestimentaire à respecter que je sache. Ce n'est pas une soirée à thème. Fais-toi belle de façon à te sentir bien ! répondis-je tandis qu'elle me tirait vers l'intérieur de la boutique. Je la suivais sans broncher et en souriant.

Iris s'approcha des robes et en sortit une de couleur blanche. Elle put voir un rictus se dessinait sur mon visage, signe de mécontentement. Non, pas celle la... murmurais-je en la fixant les autres robes. La rouge, c'est trop souvent porté, tu ne trouves pas ? Et puis, c'est un peu la couleur pour draguer, pour faire la femme irrésistible. Non seulement tu n'as pas besoin de cela, mais en plus, une robe bleue t'irait bien mieux. Noir, ça t'irait aussi, mais c'est trop terne. Donc la bleue est le juste compromis ! Tu devrais aller l'essayer !

J'avais dis cela sans cacher ma joie, tout en m'avançant un peu plus dans le magasin pour voir les autres robes qu'ils auraient à proposer. De toute façon, ce n'était pas forcé qu'elle achète celle la, il y avait d'autres magasins et on avait largement le temps d'en faire plusieurs.